Au bout de l’impasse des Charmilles, à Cesson-Sévigné, c’est là que les fondateurs de la brasserie Skumenn (écume en vieux breton) ont ouvert leur nouvel établissement fin 2020. Un espace immense à la décoration brute, mais chaleureuse faite de bric et de broc. Dans ce local, les amateurs de cervoise trouveront à la fois un espace de vente directe à prix d’usine, un pub et la brasserie que l’on peut apercevoir à travers de grandes vitres et même visiter sur demande. Quelque 1500 m2 dédiés à la bière. De quoi satisfaire les amateurs de « craft beer » ou bière artisanale en bon français.
Quand un livre bouleverse une vie
La brasserie Skumenn c’est l’histoire de deux amis d’enfance qui se retrouvent autour d’une passion commune. Stéphane Le Boucher était étudiant en urbanisme. Thomas Cléraux, en communication. Et tandis que leurs études respectives ne les passionnent pas plus que cela, le premier décide de partir en Inde. Il découvre dans une guest house près de l’Himalaya, un livre sur l’autosuffisance.
L’ouvrage en question s’appelle The Complete Book of Self Sufficiency écrit par John Seymour. « Dans ce livre il était question de savoir brasser sa propre bière pour être autosuffisant et je ne sais pas pourquoi, ce passage a particulièrement touché Stéphane, il s’est empressé de trouver un cyber-café pour m’envoyer un mail et me dire qu’on allait brasser notre propre bière à son retour« , rembobine Thomas, amusé.
« On s’est mis à brasser avec ce que l’on pouvait : des collants que l’on faisait bouillir pour enlever la teinture… Les débuts étaient chaotiques dans le garage de mon père. On s’est lancé dans cette aventure avec la rage du désespoir. À cette époque, nous ne savions pas trop ce que nous allions faire de nos vies pour être franc« , se souvient Thomas.
Ils vont découvrir également l’engouement pour la craft beer outre-Atlantique, en 2012. « Nous sommes partis pendant un an aux Etats-Unis avec Stéphane. On a découvert l’amertume, les arômes exotiques, la bitter anglaise, des bières vieillies en barrique de cognac, tout ça nous a inspiré« , se rappelle Thomas.
Rattrapés par la demande
Bien décidé à réussir leur aventure entrepreneuriale, Stéphane se forme au brassage avec un DU opérateur de brasserie à la Rochelle. « Si on voulait que les banques nous suivent, il fallait que l’on se professionnalise« , poursuit Thomas. Et d’ajouter : « 90% du boulot, c’est l’hygiène. »
La petite brasserie du garage paternel ne suffit plus. « On s’est vite fait rattraper par la demande« , s’amuse Thomas. Les deux amis s’installent à Acigné avec 20 000 € de fond. La première Skumenn Pale Ale (qui signifie plus claire que les bières traditionnelles appelées Ale en Grande Bretagne) voit le jour en 2015. Puis viendront l’Amber Ale (bière ambrée), la Wheat India Pale Ale (blanche) et la Delhi Dehli (double Indian Pale Ale). Des bières fortement houblonnées aux saveurs exotiques.
Le bouche-à-oreille fonctionne à plein tube. Après les caves et les bars rennais, l’association de circuit court Merci Babeth, c’est le réseau Biocoop qui distribue la Skumenn, puis les GMS. Et la demande ne fait que croître depuis, malgré un sérieux coup d’arrêt au début de la pandémie.
Du bio et du made in Bzh
Pas question pour ces Rennais de faire les choses à moitié. L’orge malté certifié Ecocert qui entre dans la composition de toutes les bières est “made in Bretagne”. Tout est fabriqué sur place à Cesson-Sévigné de la fermentation à la mise en bouteille en passant par la distribution.
Aujourd’hui, le duo s’est agrandi avec Maxime Noell, Jule Gautier, André, Jacques… Et bien d’autres. La production est passée à 4000 hectolitres en 2021. « Et on espère bien doubler l’année prochaine« , conclut Thomas.
Brasserie Skumenn, 8, impasse des Charmilles, Cesson-Sévigné. Tél. 02 23 30 59 80. Ouvert de 12 h à 21 h ou 23h.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.