Chez Martine, les légumes poussent en musique

À Bréal-sous-Montfort, près de Rennes, on ne parle pas aux plantes, on leur fait écouter de la musique. « On est des révolutionnaires, ici », lance Martine Robin, dans un éclat de rire.

Chez les maraîchers du Patis, on cultive les légumes depuis 1960. Et quand la famille Robin a entendu parler de la méthode génodique* pour la première fois, elle n’en croyait pas ses oreilles. « On a tenté l’expérience une année sur des feuilles de chênes qui avaient le mildiou et notre récolte a été sauvée. Depuis, tous nos légumes poussent en musique. »

Ici et là sur son exploitation, des petits cubes beiges équipés d’enceinte diffusent des sons doux et mélodieux. « C’est une musique vraiment étudiée pour ne pas stresser la plante et l’aider à se développer sans produit chimique. »

Révolutionnaire, on peut le dire. Plusieurs fois au cours de notre visite, Martine prononcera ce mot. Un mot qui a du sens pour elle. « On n’a jamais voulu céder aux pressions des prix et des normes pratiquées par les GMS, avec mon frère, on a vu notre père jeter des cargaisons de fruits et légumes sous prétexte qu’ils n’étaient pas calibrés. On s’est dit plus jamais ça ».

Aujourd’hui à la tête de l’exploitation, Martine cultive avec ses 7 salariés une vingtaine de légumes différents comprenant parfois une dizaine de variétés chacun. « Nos prix sont fixés en fonction de notre coût de revient et les clients le comprennent bien. Ce sont eux qui nous font vivre, pas les grandes surfaces. »

Ici, tout est cultivé de manière traditionnelle, c’est-à-dire en serre (faite de plastique biodégradable) et en terre. Le désherbage et le binage se fait manuellement et/ou à la machine afin de conserver toutes les saveurs et qualités des produits. « Nous n’avons pas fait le choix du bio, mais tout est naturel ici. Pour lutter contre les pucerons, on utilise des coccinelles et rien d’autres », assure la maraîchère.

Martine Robin voulait devenir comptable quand elle était jeune. Mais avec du recul, elle ne regrette pas son choix. « Je me serais ennuyée dans un bureau, ici je suis au grand air, je suis bien », lâche-t-elle en souriant. Du lundi au samedi, Martine est dans les champs, sur les marchés de la région rennaise, elle n’arrête pas. « C’est un beau métier maraîcher, on peut grignoter en travaillant, tiens goûte-moi un peu ce radis », lance-t-elle.

« Bien sûr il faut accepter de se salir les mains, une fois Pôle emploi m’a envoyé une personne en talons aiguilles, j’ai su tout de suite que ça ne collerait pas », rembobine-t-elle.

Depuis la crise sanitaire, les portes de son exploitation sont ouvertes tous les après-midis pour la vente directe. « Les clients sont contents de venir nous voir, il y a une confiance qui s’installe », se réjouit-elle. Et puis lorsqu’il y a du gel ou un pic de chaleur, on peut leur expliquer et ils comprennent parfaitement.

En parlant de météo, Martine Robin le constate depuis des années, le dérèglement climatique est une réalité tangible. « Les pics de gel et de chaleur sont de plus en plus intenses et courts dans le temps, c’est vraiment inquiétant. » Une raison de plus, s’il en fallait, pour consommer local.

NB : Vous pouvez retrouver les légumes de Martine tous les samedis matin, place des Lices à Rennes, à côté des Halles et du rayon charcuterie. Vous pourrez la reconnaître facilement à son chapeau. Vous pouvez également vous procurer ses produits à l’association de circuit court Merci Babeth, installée au Blosne ainsi qu’à Bréal-sous-Montfort.

Texte et photos Kathleen Junion. Toute reproduction est interdite.

*La génodique est une méthode brevetée par le physicien Joël Sternheimer en 1993. C’est une science basée sur les protéodies, mélodies constituées à partir du décodage des ondes émises par les acides aminés. Cette méthode s’apparente à un procédé de régulation épigénétique de la biosynthèse des protéines par résonance d’échelle. Ce procédé s’appuie sur la théorie qui postule qu’à chaque acide aminé sont associés des ondes pouvant être transcrites en note de musique permettant d’agir sur la production de protéine.